Le 9 mai 2010, Marie-Jeanne GROUD présentait sa conférence sur la gastronomie des français d'Algérie, dans le cadre des manifestations culturelles du Cercle algérianiste de Drôme-Ardèche.

Avant l'intervention de notre invitée, Bernard CINI, a présenté une synthèse des nombreuses actions entreprises par le Cercle algérianiste de Drôme-Ardèche et a rappelé les prochaines échéances.

A cette occasion, il a insisté sur la grande manifestation nationale organisée le 21 mai 2010 à Cannes, contre la sélection du film de Rachid BOUCHAREB «Hors La Loi» dans le cadre du festival international du film.

Madame Marie-Jeanne GROUD GALEA est née en 1934 à Philippeville, d’une famille implantée en Algérie depuis 1830 (4ème génération).

Sa carrière d’institutrice débute en 1954, en même temps que la rébellion. Elle enseigna dans plusieurs villages du Constantinois, et se poursuit en Algérie, deux années après l’indépendance. Repliée en Eure et Loire où elle enseigna durant quatre années, elle termine sa carrière d’enseignante comme directrice d’un groupe scolaire dans les Landes.

Impliquée depuis de très nombreuses années dans le mouvement Algérianiste, Marie-Jeanne GROUD est l’auteur de plusieurs conférences que nous avons eu le plaisir de présenter à Valence : «Des hommes au service de la Science, de l’Algérie et de l’Humanité» «La vigne et le vin en Algérie jusqu’en 1962.»

Elle est membre du jury du Prix Algérianiste « Jean Pommier ».

Depuis 2009, elle est présidente du Cercle algérianiste de Pau.

La conférence donnée par Marie-Jeanne GROUD, a saisi tout son auditoire, par ce qui fut et demeure une mémoire, enracinée au fil de la vie quotidienne : la cuisine, si typique de la gastronomie des français d'Algérie.

Une créativité de partage aux attributs ethnologiques, sociologiques, et, psychologiques en ce qu'elle devint offrande généreuse et tisseuse de liens...

Cuisine originale, elle naquit d'une histoire débutant en 1830 dans une colonie de peuplement, sur un territoire où l'on attira des familles de France, d'Espagne, des Baléares, de Sicile, d' Italie, de Suisse et d'Alsace, d'Allemagne...

Un territoire qui n'avait, à cette époque, pas encore de nom, situé au Nord de l'Afrique. Les nouveaux arrivants se nourrirent de ce qu'ils trouvèrent: gibier sauvage, herbes et pain sec ou poissons sur la côte. Les survivants aux malheurs et maladies travaillèrent dur pour produire de petites industries alimentaires. Les pâtes et couscous Ricci existent encore depuis ce milieu du dix neuvième siècle. Puis ce fut l'usine Ferrero...

Les femmes chargées de la mission nourricière accommodèrent les produits disponibles pour des recettes tenues de leur pays ou région d'origine.

Elles se rencontraient et échangeaient leurs plats spécifiques. Ce «melting pot» s'enrichira dans les promiscuités avec les femmes autochtones : berbères, juives, arabes, pour devenir une nouvelle cuisine méditerranéenne, et non pas orientale, mais chaleureuse et large de la diversité de ses spécialités...

Dans l'exode qui dispersa leurs familles et collatéraux en France depuis 1962, les Français d'Algérie, en souffrance et en perte de repères, tenteront de retrouver des leurs et de se tenir le cœur au chaud dans les partages du passé. Cuisine d'exil ou de diaspora, certains plats plus souvent partagés ici - pour leur symbole emblématique - deviendront identitaires, les enveloppant du coup d'un folklore et d'une cuisine orientalisée...

Or, à travers la transmission qui se fait dans les familles, se découvre le reflet de l'extraordinaire réalité d'une société particulière qui était née là-bas, et qui véhicule les trésors inconnus d'une convivialité versée à la conquête des cœurs !...

Marie-Jeanne Groud nous offrit aussi le bonheur d'un diaporama enchanteur, stimulant en chacun des auditeurs le réveil joyeux des papilles ! ...

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Crédit photos : Serge BERNARD & Bernard CINI